Autos,  J'ai testé pour vous,  Rêves d'AutomoBelle

La Cévennes façon PGO

UNE AUTO ATYPIQUE AU CHARME CERTAIN !

Lors d’un arrêt dû aux nombreux embouteillages, un homme descend de sa voiture, s’approche de moi, un peu timidement, et, par le toit ouvert de mon PGO Cevennes, me demande, un peu gêné : “votre voiture, madame,
c’est quoi ?

– Une PGO, monsieur
– Ah, c’est quoi, et fabriqué par qui ?
– PGO, c’est une fabrication artisanale, française.
– Oh, là là, qu’est-ce qu’elle est belle !”. La circulation repart et le monsieur remonte dans son véhicule en courant. Ce pourrait être la chute des 48 h vécues avec cette Cévennes. Mettez vos lunettes de soleil, je vous emmène à bord.

Depuis déjà plusieurs mois, j’étais en contact avec la marque PGO, qui n’était manifestement pas indifférente à notre nouveau concept de magazine, leurs véhicules plaisant énormément aux femmes. C’est donc vers “CPL Sport“ basé à Tossiat dans l’Ain, que Marie-Hélène Rovira (directrice marketing chez PGO) me dirige afin de récupérer une “Cévennes”. Le monde de l’automobile étant petit, c’est Vanessa qui m’accueille en riant, car nous partageons toutes les deux un grand moment de plaisir chaque années : le rallye des “Cabrioleuses” ! Elle m’explique qu’il y a encore peu de revendeurs PGO en région Rhône-Alpes, et, compte tenu de leur concept de vente et de maintenance de véhicules un peu particuliers, les Donkervoort*, elle et son mari Sylvain ont trouvé sympa de
pouvoir aussi distribuer cette marque, née en France en 1980.

Petit Retours en arrière :

“P” pour Prévôt et “G” et “O” pour Gilles et Olivier, les 2 frères ingénieurs démarrent leur entreprise en fabriquant des répliques d’AC-Cobra. L’affaire est rachetée par Laurent Skrzypczak et Olivier Baudouin, qui l’installent
à Alès et lancent une nouvelle production sur la base d’une célèbre voiture: vous savez, celle de James Dean ! Nos artisans continuent à se développer, et, aujourd’hui, une centaine de véhicules par an sortent des ateliers.

Séquence “émotion”

C’est donc avec une certaine fierté que, cet après-midi là, je mets le contact de ma Cévennes. C’est un cabriolet bleu marine. Effectivement, elle ressemble furieusement à une Porsche, of course. Ses lignes sont arrondies,
lissées comme si ses aspérités avaient été effacées à grand coup de gomme. Les phares sont petits et ronds, les poignées chromées à l’ancienne, la capote couleur carrosserie. Les sièges en cuir bi-colore sont profonds et
confortables. Tout y est soigné : signature d’une voiture d’artisan.

La saveur du passé

Il fait très chaud, on est en pleine canicule. Malgré ça, je veux rouler tout ouvert, et m’amuse à décapoter : ça se fait à la main. Si la technologie moderne s’applique à la conduite et à la sécurité, les manipulations se font à l’ancienne afin de conserver le goût du passé.

C’est une propulsion.

La route de la Dombes, au milieu des étangs, est un régal et me permet de m’habituer à la conduite et de découvrir la voiture : je m’attendais à trouver des pédales dures, comme sur l’allemande, il n’en est rien. La boîte (manuelle) est ferme et directe. La direction assistée me semble un peu souple; elle doit être très appréciable en ville. En revanche, l’absence de paresoleil me dérange quelque peu. Les 50 km pour rejoindre l’autoroute
sont passés trop vite. Pour ne pas regretter ce choix d’itinéraire, je m’amuse à tester la motorisation. C’est le moteur de la Mini Cooper S qui a été installé, soit 184 ch, turbocompressé (ce qui booste la puissance à partir de 2500 tours), pour une voiture qui pèse 300kg de moins que l’ex-anglaise.
Conséquence : de super bonnes reprises. En troisième ou en quatrième, j’appuie sur la pédale, et ça pousse ! Normal, puisque c’est une propulsion. Le moteur est central, les bagages c’est à l’avant ! Je dois surveiller le compteur, car, sans m’en rendre compte, j’ai très largement dépassé la vitesse autorisée par la maréchaussée ! Décidément, je regrette mon choix de l’autoroute. Je me rattraperai demain.

Le lendemain arrive enfin !

De très bonne heure le matin, me voilà partie à travers la forêt du Pilat, sur les petites routes touristiques, sinueuses et fort peu empruntées. Je suis face un choix cornélien : profiter de la voiture ou des paysages ! Mon choix se porte sur la voiture. J’enchaîne les virages à vive allure, je déboîte pour dépasser dans une incroyable sécurité, je me régale du bruit du moteur, je
savoure ! Je profite de la solitude sur la route pour enfoncer la pédale de
frein : ouah ! Ça freine fort ! Je rentre dans les villages, les gens se retournent : est-ce le bruit ou la silhouette qui les attirent? Sûrement les deux ! Je crois bien que j’y prends plaisir. Je sors du dernier village, le Bessat, direction les Alpes. La route large, aux grands virages, traverse ce magnifique parc naturel régional. Les massifs de sapins géants alternent avec de grands prés où paissent tranquillement les vaches. Sans m’en rendre compte, j’ai levé le pied, et je souris béatement, le visage baigné par le soleil matinal. Je suis heureuse dans ma PGO.

L’angoisse du cabiste : la pluie.

Midi approche déjà, je dois rejoindre le point de rendez-vous pour la séance photo. Ma Cévennes va pouvoir faire la belle pendant 2 heures. Shooting à peine terminé, je reprends le volant. Cette fois, direction le lac de Saint Victor. Le ciel est menaçant, très menaçant même. Vais-je devoir recapoter?
Au cas où, je m’arrête enlever la housse de protection, j’ai peur de mettre beaucoup de temps à relever la capote manuellement. Je continue de rouler, lorsque les premières gouttes commencent à tomber. Comme sur les cabriolets modernes, à une certaine vitesse, la pluie ne rentre pas dans
l’habitacle, emportée par le tourbillon d’air de la vitesse. Sauf qu’en arrivant au lac, la vitesse est de 10 km/h ! Alors je m’arrête, me disant que je vais avoir la honte de ma vie en ne réussissant pas à fermer la capote, au milieu des touristes qui courent dans tous les sens pour rejoindre les voitures. “Hi! Hi! Hi!”, vont-ils faire, “on fait sa maline, on crâne en cabriolet, et on ne sait pas refermer le toit !” Et bien non, ils n’auront pas
ce plaisir : en un rien de temps, comme si j’avais fais ça toute ma vie, la voiture est refermée. Un couple s’arrête pour la prendre en photo, la dame dit qu’elle n’y connaît rien en voiture, mais qu’elle est très belle (pas moi, la voiture), et qu’elle aimerait bien en avoir une comme ça, que j’ai beaucoup de chance. Je ne la contredis pas, car moi aussi j’aimerais bien en avoir une comme ça.

Faire durer le plaisir.

Mais tout plaisir a une fin, et je dois la ramener à Vanessa. Aussi pour le faire durer, j’ai décidé de ne pas prendre un km d’autoroute, et de faire du tourisme encore et encore. Même les agriculteurs ont été sympas avec moi : comprenant mon désarroi de devoir me séparer de cette auto, ils ont déclenché une manifestation dans Lyon avec les tracteurs, provoquant le
fermeture des artères pénétrantes dans la ville. Si bien que la grande
périphérie s’est engorgée très vite, les nationales aussi et par effet papillon, les départementales également. Je vais mettre près de 4 h pour faire les 140 km. J’ai rendu les clés à Vanessa, elle, tout sourire de retrouver sa voiture,
moi, toute triste de la rendre.

Si je devais dire du mal d’elle :

Ne rien voir dans le rétroviseur central quand elle est débâchée (comme beaucoup d’anciennes). La direction, si géniale en ville, peut paraître un peu trop molle pour une conduite sportive. La ceinture de sécurité monte trop sur le cou, les phares éclairent très mal (à l’ancienne aussi ?) et puis, et
puis c’est tout. Ah oui, son prix : à partir de 45 900 €, mais pour une
voiture faite main et qu’on peut, en plus, personnaliser à l’infini, c’est
sans nul doute raisonnable. Prochain épisode : visite des ateliers à Alès. Promis, on vous racontera.

By Laurence Mauléon Bernier

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